Aller au contenu

 

Une vie sans la mort?

La mort programmée

Le monde scientifique propose jusqu'à 300 théories sur le vieillissement. Parmi celles-ci, un courant de pensée retient l'attention de plusieurs chercheurs : nous serions tout simplement pro­gram­més pour mourir.

On sait que la plupart de nos cellules ne se reproduisent qu'un nombre limité de fois. Le mécanisme derrière ce phé­nomène a été élucidé dans les années 1980 : les chromosomes, qui contiennent et protègent notre ADN, sont coiffés de structures appelées «télomères». Les télomères raccourcissent au fil des reproductions cellulaires; une fois qu'ils sont devenus trop courts, la cellule cesse de se reproduire puis meurt. Le Dr Raymund Wellinger donne un exemple des conséquences de ce processus sur l'organisme. «Prenons les cellules du système immunitaire. Une fois qu'elles ont cessé de se reproduire, notre orga­nisme parvient difficilement à se débar­rasser des virus ou d'autres infections, qui finissent par nous tuer.»

Raymund Wellinger est chercheur et professeur au Département de microbiologie et d'infectiologie de la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l'Université de Sherbrooke.
Raymund Wellinger est chercheur et professeur au Département de microbiologie et d'infectiologie de la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l'Université de Sherbrooke.

Dans ces conditions, pourrait-on réparer les télomères et ainsi permettre à l'organisme de vivre indéfiniment? Oui... et non. Notre corps produit une enzyme appelée télomérase, qui permet aux cellules de se reproduire indéfi­niment en compensant la réduction de la longueur des télomères. Cette enzyme est présente dans les cellules germinales (spermatozoïdes et ovules), dans les cellules souches et... dans les cellules cancéreuses. Or, c'est là tout le problème. «La machinerie génétique capable de rendre nos cellules immortelles existe bel et bien, mais notre organisme l'empêche de fonctionner pour nous protéger du cancer», explique le Dr Wellinger. Un autre mécanisme de défense nous empêche de vivre très vieux : le gène p53, qui déclenche la mort de nos cellules. Ce soldat de notre artillerie génétique bloque lui aussi la survie des cellules cancéreuses qui se multiplient avec l'âge.

Mais alors, que se passe-t-il avec les cellules qui ne se reproduisent pas ou très peu, comme celles du cœur ou du cerveau? Comment le vieillissement s'explique-t-il dans ces organes cruciaux? C'est qu'il existe d'autres mécanismes à l'œuvre dans le vieillissement...